Cette technique est la plus répandue lors de la construction des bâtiments (logements collectifs, bureaux, locaux industriels) sur des pieux de petits diamètres généralement compris entre Ø 320 mm et 800 mm.
Il existe plusieurs variantes de forage pour ce type de pieux, réparties en 2 familles :
- La technique du refoulement qui consiste à extraire hors du trou la terre en creusant le sol grâce à la tarière. Cette terre sera alors substituée par l’injection de béton sous pression à l’intérieur de son axe (creux) au fur et à mesure de son extraction.
- La technique de la compression qui consiste à comprimer le sol en exerçant une pression latérale lors du forage avant d’injecter le béton sous pression. Il existe deux variantes :
- Les pieux ATLAS qui créent une matrice de pas de vis à l’intérieur du sol,
- Les pieux OMEGA qui laissent une matrice cylindrique dans le sol.
Dans tous les cas, ces pieux peuvent être :
– Exempts de toute armature,
– Armés de 4 filants de liaisons en tête de pieu,
– Armés totalement ou partiellement avec une cage d’armature.
Le Recépage à frais
Deux techniques sont couramment utilisées :
- La plus commune : avec le godet de la pelle mécanique – dès le retrait de la foreuse, simultanément à l’évacuation des terres refoulées -, creuser sur quelques dizaines de centimètres pour évacuer le béton à recéper avant d’introduire la cage, puis terminer le recépage à la pelle à main sur quelques centimètres. (Cette manipulation est un exercice relativement pénible dû au phénomène de succion du béton). Le risque majeur est d’obtenir le résultat inverse à celui espérer ! À savoir : Enfouir de façon totalement invisible, en sous face de la tête des pieux, des mottes de terres agglomérées au godet.
- Et la technique dite de la « SOUPAPE » : couramment utilisée pour des recépages jusqu’à 1 mètre de profondeur. La soupape est un cylindre métallique, muni d’un clapet, suffisamment lourd pour s’enfoncer sans effort dans le béton frais. La foreuse, une fois la tarière retirée et avant de se déplacer sur le forage suivant, se saisit de cette lourde pièce métallique à l’aide d’un câble, l’enfouit sur la hauteur désirée, referme le clapet et retire une carotte de béton frais puis la vide en libérant le clapet. Cette opération peut être réalisée plusieurs fois si le terrain en périmètre du trou ne s’éboule pas.
Cette technique comporte plus d’inconvénients que d’avantages :
- Économiques : elle est discutable car elle mobilise pendant de longues minutes une foreuse dont la rentabilité est détournée de sa fonction première : maintenir une cadence de forage élevée.
- Qualitatifs : cette lourde pièce métallique recouverte d’une gangue de terre agglomérée avec du béton, repose dans la boue du chantier entre 2 opérations. Il est plus que probable que ces agrégats hétérogènes soient enfouis dans la tête du pieu, susceptibles de créer des inclusions néfastes à la bonne qualité du pieu. Dans le cas où la cage a été préalablement introduite dans le béton frais, celui-ci viendra s’agglutiner sur les armatures et nécessitera un travail long et fastidieux pour éliminer ultérieurement à l’aide d’une brosse métallique cette laitance nuisible à la suite de l’ouvrage.
- Ergonomiques : la manipulation de cette lourde pièce engluée dans la boue du chantier est un exercice particulièrement pénible pour les opérateurs eux-mêmes très souvent les pieds enlisés dans des coulées de boues et de béton mélangées et particulièrement visqueuses.
Dans ce type d’ouvrages, le recépage est considéré à tord comme une solution pour araser une tête de pieu à la bonne cote. On rencontre couramment des chantiers sur lesquels il n’y a aucun recépage ou réalisé de façon symbolique par « recépage à frais ». Il s’agit, non seulement d’une erreur majeure, mais susceptible d’entraîner un sinistre post construction sans pouvoir en déterminer la cause.