Première partie d’une série d’articles pour mieux penser l’organisation des chantiers. Objectif : gagner du temps, de l’argent et limiter au maximum la pénibilité ! Aujourd’hui : fondations et gros-œuvre, couple indissociable.
Un chantier bien pensé se déroule aisément et les gains de temps se trouvent facilement… aurait pu dire l’écrivain Nicolas Boileau.
La logique veut que l’on distingue en lots séparés les « fondations profondes » et « gros-œuvre ».
- En effet, se sont 2 métiers très différents utilisant du matériel très spécifique, des techniques très particulières et des ressources humaines non permutables.
La logique veut que l’on distingue le recépage du forage :
- En effet, le recépage doit être réalisé au minimum 5 jours après le coulage, le spécialiste du forage ayant quitté les lieux au moment du recépage des derniers pieux.
On programme ainsi 2 lots distincts :
- 1er lot fondations profondes,
- 2ème lot gros-œuvre intégrant le recépage !
Bingo !!! Vous avez gagné le gros lot ! Ou comment perdre un maximum de temps quand la logique rejoint l’absurde.
Explication : si le 1er lot – fondations profondes – n’est plus concerné par le recépage, on entre dans le scénario « où le chacun pour soi entraine des problèmes pour tous ».
Afin de ne pas perdre de temps et d’avoir une rotation maximale des machines associées à des coûts minima, des cages préfabriquées sont positionnées dans le béton avec des cerces hélicoïdales sur toute la hauteur du pieu, quelle que soit la hauteur de recépage à venir (y compris dans la zone de recépage).
Le 2ème lot – gros-œuvre – récupère la pochette surprise, dans laquelle il découvre une grenade dégoupillée au moment du terrassement : une forêt de têtes de pieux à recéper sur des hauteurs pouvant aller jusqu’à plusieurs mètres, tous armés jusqu’aux dents !
Et là, quel alternative ?
Le choix de la méthode de recépage n’existe plus, la seule solution, c’est :
1°) Le BRH pour attaquer la partie supérieur du recépage (malgré son interdiction dans les règles de l’art) qui entraine des aciers tordus et la rupture des pieux sous la zone de recépage quasi systématique pour les Ø inférieurs à 700 mm
2°) Le Marteau piqueur pour les derniers 30 cm au milieu des aciers qui entraine un allongement des délais inquantifiable !
3°) Redresser ou remplacer les aciers tordus : Amusant !
Bref, c’est « Jeux sans Frontières » sans les vachettes : Juste pour l’ambiance !
Qui est responsable de la qualité finale du pieu ? Le 1er lot qui a livré ses pieux en parfait état ou le 2ème lot contraint d’utiliser un BRH et un marteau piqueur pour assurer les recépages ?
Qui assume les contraintes de pénibilité (bruit / vibrations, etc) ?
Qui va payer les retards et la désorganisation des plannings ?
Quelles solutions ?
Une seule. Remplacer l’absurdité de la logique par le bon sens du raisonnement systémique : Ne jamais dissocier le lot fondations du lot gros-œuvre pour garantir une seule responsabilité obligeant les partenaires à s’entendre sur le « qui fait quoi ? »